Mais c'est impossible d'y goûter consciemment, au bonheur. Sous ses dehors banals, avec ses parasites et ses imperfections, sans le filtre enjoliveur du souvenir, la réalité te prend toujours de vitesse. Sur le moment, c'est mathématique, tu peux juste vaguement ressentir qu'il se passe quelque chose de bien, mais tu es trop occupé à le vivre dans son temps même pour y goûter vraiment. Parce que tu as remarqué que le bonheur, c'est toujours un souvenir, jamais le moment présent. Je me souviens avoir lu chez je ne sais plus qui : "Le bonheur, c'est quand la lumière est bonne et qu'on a pas forcément conscience que tout va bien." C'est ça, le temps perdu, le temps tout court, l'impossible équation du temps qui passe et qu'on voudrait retenir. Je suis persuadé que ce doit être aussi pour cette raison que l'être humain cherche à se mettre en couple : pour faire durer au maximum les moments de bonheur sans avoir constamment à le rechercher dans son passé, pour essayer de figer un peu les choses.
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Texte : Nicolas Fargues, J'étais derrière toi
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